Mes arbres de Judée



Cet article participe au rendez-vous mensuel « Mots éparpillés » de Margarida Llabres et Florence Gindre, projet inspiré par « Mots sauvages » de Cécile Benoist.



Elle évoque toute une époque, cette porte en majesté : un siècle conquérant, un urbanisme grandiose, la puissance et la gloire, des bâtisseurs aux rêves démesurés, des soldats aux sacrifices inaliénables, et quelque part, derrière ceux-là, au-delà de l’espoir, des inconnus à la peine.

Qui serait indifférent à une telle devise « la liberté ou la mort » ? Et passerait sans le voir devant ce fronton historié aux allégories martiales? Qui ne recomposerait pas ses souvenirs pour imaginer d’autres destins au bout de ce couloir ouvert et accueillant et s’évader loin des apparences ? 

Hélas, la page reste blanche !

D’une image engageante, qui ne peut que s’enraciner dans l’imaginaire, fleurir et s’enorgueillir de belles promesses, aucune idée ne jaillit. Je n’arrive pas à écrire.

C’est comme un bouturage, me dis-je, dont on attend merveille, qui malgré les soins attentifs, reste en l’état, rebelle, inaccessible. On sait ce qu’il en advient : il se dessèche, se racornit, tombe en poussière, mort depuis la première heure. Il est inutile de se plaindre, de pleurer, de se battre. Nécessité fait loi, Nature commande, il faut désarmer et se rendre.

Voilà sans doute la raison, la comparaison qui me sauve : la balade ensoleillée du printemps sur mes semis, mes arbres de Judée, mes cerisiers, mes orangers.

Il ne s’agit pas de la malédiction de l’écrivain, l’absence d’imagination, simplement de l’arrivée du mois d’avril et de ses multiples occupations bucoliques.


Commentaires

  1. La page n'est pas restée blanche et s'est colorée du violet des fleurs des arbres de Judée, cela fait plaisir à lire. J'ai passé un grand porche sur lequel était inscrit "La liberté ou la mort" et j'ai emprunté un sentier entre des arbres en fleurs. Merci pour la promenade.

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    1. Merci beaucoup, Florence, de cette charmante appréciation que je découvre en rentrant de voyage.

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  2. C'est un très très joli texte ! Merci pour cette balade qui sent bon la liberté !

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    1. J'aime beaucoup, Margarida, ce rendez-vous mensuel, auquel je me rends, quoi qu'il arrive, même en retard. Le prochain ne se tient-il pas sous de verdoyantes frondaisons?

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